Voix nue




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Je supporte difficilement quand une personne aligne quelqu'un, une minorité, une identité, ou un comportement, sans rien connaître de sa situation,
sans l'avoir vécue plutôt
Et si en plus, la personne pérore et assassine avec une arrogance dont elle se gargarise, là, je fume.
C'est le rejet inné de la différence qui remonte. Ce non-semblable, qu'elle décapite sans ciller ; en attrapant ces généralisations grégaires qui circulent dans toutes les ruelles mal éclairées. ça échoue dans la bouche des gens et ça te fait comme un crachat de boue qui éclabousse bien partout.
Les pauvres, les Arabes, les chômeurs, les lesbiennes.
Les riches, les tricoteuses du dimanche, les fans de Démis Roussos, les philatélistes. Bèèèèèèèh !
Alors qu'elle n'a même jamais rencontré ces personnes souvent ! Qu'elle prend surtout pas la peine de s'imaginer à quoi ça ressemble, leur place.
Quand même, faut connaître un minimum ce dont on parle, quand on se permet de juger, non ?! Ouais, c'est ça qui est gênant, c'est de se permettre de juger.
Genre ''Elle se fait taper dessus ? ! Elle le veut bien !'' ''Les gens qui souffrent ?! Oh, y'en a beaucoup qui se complaisent dans leur souffrance'' et l'indémodable :
''Ben tu penses, ceux qui touchent le Pactole, ils sont jamais pressés de trouver du boulot !'' ''Fainéants ! Par Jupiter !!''

Dans ces moments-là, ces ânes qui braient des obus éculés depuis leur petite normalité, j'ai envie de leur botter le train. De bramer ''Ca suffit ! Vous ne savez pas de quoi vous parlez ! '' Et de les planter là.

C'est ce que disent les adeptes de l'empirisme ; de la primauté du corps, du geste, de l'expérience ; ou le matérialisme philosophique d'un Karl Marx. On ne peut pas connaître quelque chose avant de l'avoir vécu.
Ca paraît plus humain. Plus décent. Plus humble. Plus immédiat.
Ca empêche pas de parler sur tout, d'avoir des avis, d'avancer dans des analyses théoriques.… tant qu'on se rappelle notre position extérieure. Et qu'on se tait après celles et ceux qui savent depuis eux-même.

Tout récemment, sur les réseaux sociaux, un nombre scotchant de connectés a copieusement insulté HULOT après sa démission.
Je lis : ''Escroc, retourne à tes gels douche !'' ''Enfin ! Il était temps. Que de dégats encore en un an.'' ''Pour la retraite dorée, là, il démissionne pas.'' ''Tiens Tiens.. Il démissionne au moment où il décroche dans les sondages ..''
   ...   Quand même, là, c'est plus de l'insoumission. Là, ça verse dans le populisme patenté !
Bon, là, je regarde directement la vidéo de Hulot sur internet, dans le Grand Entretien d'Inter, du 28 août.    … ! 
Bon, puisque l'essai de ce jour porte sur la colère, voici un message adressé aux 2 journalistes de la matinale, ça me soulagera un peu :

madame Salamé, monsieur Demorand
Je suis affligée par le traitement journalistique, les propos et le ton qui ont pu être employés vis vis de votre invité de mardi dernier. Face à l'honnêteté éclatante de cet homme, et l'urgence absolue de la cause qu'il a défendue jusque là, je déplore des questions indignes de votre déontologie de journaliste, voire indignes tout court.  ''Vous avez beaucoup souffert pendant ces 15 mois de gouvernement ?'', ''Vous en aviez marre qu’on parle des états d'âme de Nicolas Hulot ?!'', ''Est-ce que vous aviez les épaules pour être ministre ?'' ...  Mais on est dans Voici ou sur une chaîne de service public ?! De cette démission fracassante et amère, lorsque Hulot souhaite à tout le moins que ce geste soit ‘’utile’’, Demorand pouffe ''Vous y croyez vraiment ?!'', puis ''Ce sera peut-être le geste le plus utile que vous ayez fait depuis un an ?!''.. PARDON !? Etrangement, lorsque vous interrogez un Lemaire ou un Griveaux, vos piques sont tempérées par un maintien de carpet. Pourtant avec Hulot, vous n'aviez pas affaire à un-e ces politicien-ne-s ordinaires, vendu-e-s aux lobbies et pratiquant une langue de bois éhontée ; vous aviez en face de vous un homme qui prend une décision au nom de ses convictions. Qui plus est, dans un moment de sincérité et d'authenticité rare. Votre décalage de journaliste était d'une béance de chacals. Tandis que, pris dans des délicatesses de loyauté extravagantes, Nicolas Hulot prenait soin de n’accuser personne et chargeait sur ses épaules une part de responsabilité dépassant ses marges de manœuvre politiques.

Sur le plan journalistique, j'estime que le traitement des déclarations de Hulot relève de la DESINFORMATION :
Un homme du gouvernement martèle ''Je ne veux plus mentir'', cite les trois chantiers fondamentaux en cours en disant que les progrès sont nuls, indique qu'aucune volonté gouvernementale ne soutenait son action, que les seules mesures arrachées voyaient leur budget grevé de moitié avant même d'avoir débuté. Hulot a dénoncé l’omniprésence des lobbies en politique, il a posé la question de la démocratie, de la réflexion sur notre système libéral. Il a réclamé que les politiques soient à la hauteur des enjeux, que ''sans un contrat d’avenir avec l’Afrique, à laquelle nous avons imposé un désastre climatique, une issue possible n’existe pas'', a-t-il dit. Il a évoqué le nucléaire, ''cette folie inutile dans laquelle on s’entête''. Il a conclu avec force que la politique des petits pas en matière d'écologie est d'une irresponsabilité complète face à l'urgence absolue qui est la notre. Je fustige au passage l'ignorance crasse des journalistes dans leur ensemble à ce propos. Le traitement des sujets écologistes et environnementaux, lors des COPs ou du Grenelle était véritablement affligeant pour qui a lu, ne serait-ce qu'un bouquin sur la décroissance et l'état de la planète, ou visionné ''Demain'' ou ''En attendant le déluge'', ou écouté Rabhi ou Patrick Viveret..

DESINFORMATION, lorsque, au journal d’Inter suivant, la journaliste s’arrête à ‘’Monsieur Hulot a démissionné parce qu’il n’était pas en accord avec la politique des petits pas’’.. PARDON ?! Les journalistes trahissent les propos de Hulot et plus grave encore, l’ampleur irréductible de ce qui est en jeu.
Saluons la mobilisation de Nicolas Hulot autrement. Il a fait ce qu'il a pu. Et il est suffisamment intègre pour quitter le pouvoir quand il constate que son action est impuissante à infléchir le cours des choses.

Dans les moqueries et dans l'indifférence générale.
Journalistes, vous êtes en partie responsables de cet état de fait ; offrez-vous une formation sur les enjeux et la situation actuelle de la planète ! Et je sais pas, ouvrez les yeux, fermez votre portable, roulez en vélo, portez des jeans 1083, mangez du quinoa équitable, buvez du jus de baobab, parrainez les derniers rhinocéros noirs d'Asie ! Puisque la dernière rhinocéros blanche née à l'état sauvage, est morte en Afrique le 19 mars 2018.
Le divertissement et les cancanages doivent passer après.
Merci



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